C’est une douce journée de décembre en Laponie. Il faut dire que 4 uniques heures de luminosité orangée et pourpre sans aucun nuage à l’horizon dans la longueur de la nuit constante, cela se savoure. 


Dans ce vaste paysage vêtu d’un manteau blanc, des forêts de conifères s’étendent à perte de vue. À leurs cimes, des chouettes lapones se préparent à la traque de petits rongeurs intrépides (un peu comme Ness, le chat-pin mascotte du village). Les cris des élans résonnent entre les troncs. Les renards arctiques quant à eux se chamaillent dans les fourrés.


Une légère fumée noirâtre s’élève d’entre les arbres pour se perdre dans la voûte céleste. Elle provient d’une imposante bâtisse, construite avec le bois de ces mêmes sapins. À l’intérieur, des milliers de lutins se hâtent à leurs tâches de fin d’année, qui est une période cruciale. Tantôt les uns procèdent à la réplication de l’inéluctable Sophie la girafe, tantôt d’autres s’attèlent à la confection d’une énième version marketing du Monopoly édition IA.

 

Pendant ce temps, dans le bureau du Père Noël…


“Bidule ! Pignouf ! Sonnez l’alarme, l’alarme bleue ! C’est un moment historique !”


Aussitôt dit, aussitôt fait. Un tremblement faisant vibrer tout l’atelier se fait ressentir. Les portes du “placard du fond”, comme aiment l’appeler les lutins farceurs, s’ouvrent progressivement et un imposant nuage opaque commence à laisser apparaître les silhouettes pressées qui le traversent...

Conte de Noël chapitre 1 : Agence de communication Nerepix à Caen

La gorge légèrement nouée, le Père Noël ne bronche pas et patiente d’un pied ferme devant le seuil de son bureau. Les silhouettes se distinguent de plus en plus clairement à mesure qu’elles avancent, et rapetissent aussi, jusqu’à atteindre à peine le mètre. 


    - Bonjour, Père Noël, dit le premier en se débarrassant de la poussière déposée sur sa veste dûe au tunnel peu emprunté durant ces cents dernières années, que nous vaut l’honneur de cet appel ? Le jour est arrivé ?

 

    - Oui, Alexandrin. Des humains adultes m’ont fait parvenir leurs lettres, répond le Père Noël en tendant la lettre. Toi et tes petits lutins bleus avez un devoir à remplir.

 

    - Et il le sera ! rétorque le lutin répondant manifestement au nom de Alexandrin (peut-être est-il doué en poésie ?)

 

En réalité, Alexandrin et les neuf autres lutins ne sont pas poètes de métiers. Leur rôle au sein de l’atelier polaire est tout autre. Ces lutins ont été spécialement formés pour gérer un type bien particulier de demandes au Père Noël : celles des humains adultes entrepreneurs.


Alexandrin prend la première lettre, puis la lit à voix haute (car pour faire les choses bien, il faut faire chaque chose en son temps) à ses confrères et consoeurs farfadets : 

 

 

"Cher Père Noël,

Je sais que je suis un peu grand pour t’écrire, je m’appelle Filou et je suis ferronnier. Je forge le métal pour raconter l’histoire de mes clients à travers chaque volute chauffée. 

Mais voilà, mes pièces ont beau être facilement reconnaissables, moi pas vraiment… 


Au fil des années j’ai changé mon poinçon comme on changerait de chiffon. 

Le problème ? Mes créations ne portent pas de symbole reconnaissable permettant de m’identifier. Pas par fantaisie, mais par manque de vision. 


Cette année je ne te demanderai pas de nouveaux outils, j’en ai déjà plein. 

Non, ce que j’aimerai vraiment c’est un symbole qui me représente vraiment et qui traverse le temps aussi bien que mes réalisations. Quelque chose qui annonce : “Voilà son style, voilà son univers”.


Père noël aujourd’hui je me tourne vers toi pour forger mon identité."

 

Dès lors qu’il finit sa lecture, tous se regardent avec cette étincelle de détermination au fond de la rétine. Aussitôt, ils saluent le Père Noël et se dépêchent dans une pièce de l’atelier portant le nom de “Nerepix” (quel drôle de nom).

Forger une identité, c’est le travail du lutin Loupiotte ! Accompagné du lutin Célestine, les deux se dirigent vers les écuries du Père Noël. Ils enfourchent le renne le plus rapide : Rapidos (le Père Noël n’avait pas d’inspiration ce jour-là) et font cap vers le village lapon d’où provient la lettre. 


Une fois arrivés, ils se garent devant l’adresse indiquée sur la lettre. Après s’y être repris à deux fois (c’était un créneau, et les rennes ne sont pas toujours très coopératifs), ils descendent du cervidé et sont directement accueillis par Filou :

“Lutins Loupiotte et Célestine, je vous attendais. J’ai reçu un fox (c’est comme un fax mais transporté par un renard) du Père Noël m’informant de votre venue.”


Il les invite à pénétrer dans son atelier de ferronnier. Aux murs sont suspendus diverses sortes d’outils en acier, en inox ou encore en laiton. La chaleur du four de la ferronnerie réchauffe le cœur des lutins (ils détestent avoir froid, un comble pour des lutins venant du Pôle Nord).

 

    - Filou, commence lutin Célestine, nous sommes venus pour t’apporter notre aide. Tu as stipulé dans ta lettre que tu avais besoin de forger l’identité de ton atelier. Dis-nous en plus : comment tes clients peuvent se dire “Voilà son style, voilà son univers” selon toi ? 


    - Alors… S'enchaîne un échange animé entre les trois individus.

 

À force de creuser chaque bribe de l’esprit de Filou, les lutins parviennent à traduire ses envies. Le lutin Loupiotte prend immédiatement son calepin afin d’y gribouiller les volutes célestes inimitables que lui avait décrit PhilouFilou, comme étant son signe le plus distinctif.

Il présente son esquisse et voit l’étincelle dans les yeux de Filou : 

“Quelle est cette sorcellerie !? Vous me connaissez mieux que moi-même ou je rêve ?”


Les deux lutins échangent un clin d'œil. Pour les remercier, Filou leur propose de forger pour chacun l’objet métallique de leur choix, en incorporant son nouvel écusson pour admirer le rendu. C’est ainsi que les deux lutins repartent avec la statuette d’une vieille Golf en acier et un Zou en laiton (la légende raconte que le Zou est un animal reprenant l'apparence d’un félin).

Au même instant, un peu plus au Nord de la Laponie, les autres lutins bleus se creusent les méninges devant la seconde lettre…

Comme Filou, vous avez besoin d'une nouvelle identité graphique ?